Quand tu travailles avec un groupe d’enfants – en classe, en service de garde ou même en contexte d’activités parascolaires – c’est souvent un vrai défi de t’adapter à leurs besoins très différents. 😅 Il y a celles et ceux qui comprennent vite, ceux qui prennent un peu plus de temps… et ceux pour qui la communication est carrément un obstacle.
Peut-être que tu as déjà un enfant dans ton groupe qui a des défis langagiers évidents. Peut-être que tu en as plusieurs. Et là, tu te demandes : comment je peux vraiment l’aider, lui, ou elle, sans mettre de côté le reste du groupe ?
La bonne nouvelle, c’est que tu n’as pas besoin de choisir. Tu peux stimuler certains aspects bien précis du langage – comme la structure de phrase, le vocabulaire ou même les sons – en groupe, sans faire une intervention individuelle.
Et tu peux le faire dans tes activités quotidiennes, sans avoir à inventer un atelier supplémentaire.
Dans cet épisode, je te donne des pistes concrètes, simples à intégrer, qui vont soutenir tous les enfants… mais qui vont particulièrement aider ceux et celles qui en ont le plus besoin. Parce que oui, ce que tu mets en place pour un enfant qui a des défis, c’est souvent quelque chose qui bénéficie à tout le monde.
Avant de plonger dans des stratégies plus ciblées, il faut parler de la fondation de toute bonne stimulation langagière : le modèle verbal. Et si tu me connais un peu, tu sais que j’en parle souvent. (OK, oui… tout le temps. 😅)
Mais ce n’est pas pour rien. Le modèle verbal, c’est ton super-pouvoir quand tu accompagnes un groupe d’enfants. Et la bonne nouvelle, c’est que ce n’est pas compliqué à utiliser, peu importe ton contexte.
L’idée, c’est de reformuler ce que l’enfant dit avec une version plus complète ou plus juste, sans jamais le corriger directement.
Un exemple tout simple :
Un enfant dit « un train » en omettant le son /t/. Tu pourrais répondre :
« Ah oui, un train ! C’est vrai qu’il va vite celui-là ! »
Tu ne reprends pas l’enfant, tu redonnes simplement la bonne version du mot, avec naturel et bienveillance.
Et ce principe s’applique à plein d’autres situations :
À chaque fois, tu offres un modèle clair, sans pression, sans insister.
Le modèle verbal, ce n’est pas juste utile pour l’enfant à qui tu t’adresses. C’est aussi super riche pour tous ceux qui écoutent autour.
Dans un groupe, certains enfants vont capter des morceaux. D’autres vont imiter. Et plus tu utilises le modèle verbal, plus les enfants sont exposés à un langage riche et bien construit.
Tu n’as pas besoin d’être parfaite, ni de modéliser chaque phrase.
Mais si tu gardes en tête que chaque erreur est une occasion de modéliser, tu vas vite prendre le réflexe de le faire souvent. Et ça, c’est déjà énorme. 🙌
Travailler la structure des phrases, c’est souvent ce qui semble le plus technique. Mais en réalité, c’est aussi un des leviers les plus puissants pour aider les enfants qui ont des défis langagiers. Et bonne nouvelle : tu peux très bien le faire en groupe, de façon simple et ludique.
L’analyse syntaxique, ça peut sembler gros. Mais c’est simplement le fait de réfléchir à la structure d’une phrase : qui fait quoi, comment, à qui, quand, où…
Avec les enfants du préscolaire, tu peux commencer tout doucement :
« Qui est dans la phrase ? » (le personnage, le sujet)
« Qu’est-ce qu’il fait ? » (le verbe)
« Où ça se passe ? » ou « Comment il fait ça ? »
Pour rendre ça concret, visuel et amusant, tu peux utiliser des cartes, des dessins, des objets, etc. Plusieurs méthodes existent, comme la grammaire en 3D, mais tu n’as pas besoin de matériel complexe pour commencer. Un tableau blanc et quelques images peuvent faire des miracles.
Et chez les plus grands, tu peux aller plus loin en parlant des groupes de la phrase : groupe sujet, groupe verbal, complément, etc. Mais toujours en gardant des exemples clairs, et en reliant à des phrases de leur quotidien.
Une fois la structure de base bien établie, on peut aider les enfants à allonger leurs phrases grâce aux marqueurs de relation : parce que, si, quand, lorsque, donc, etc.
Ces petits mots ont un gros impact. Ils permettent de créer des phrases plus complexes, mais aussi de travailler le raisonnement, la logique et la compréhension.
Par exemple :
« Je vais dehors parce que j’ai fini mon assiette. »
« Lorsque je terminerai mon dessin, je vais aller jouer. »
Tu peux t’amuser à créer deux petites phrases simples, et inviter les enfants à les relier avec un mot. On peut aussi explorer ensemble ce que chaque mot change dans la phrase.
Souvent, on parle de « morphosyntaxe », mais on oublie que la morphologie toute seule mérite qu’on s’y attarde. Et c’est un terrain de jeu très riche pour stimuler la formulation de phrases.
L’idée ici, c’est de s’amuser avec les familles de mots, les préfixes, les suffixes.
Par exemple, on part de « dent », et on explore : dentiste, dentition, dentaire…
Ou encore, on s’amuse avec les mots qui finissent en -ier (pompier, policier, pâtissier) pour voir ce que ça veut dire. Est-ce que ça désigne toujours une personne ? Quel type de personne ?
C’est le genre d’activité qui permet aux enfants d’élargir leur vocabulaire tout en consolidant leur compréhension de la structure des mots et des phrases.
Une autre façon super efficace de travailler les phrases, c’est de partir des erreurs entendues ou lues dans le groupe, de façon anonyme.
Par exemple :
Un enfant écrit « la robe que je te parle ». On peut en discuter ensemble :
« Est-ce que c’est comme ça qu’on dirait la phrase ? »
« Qu’est-ce qu’on essaie de dire ici ? »
« Est-ce qu’on pourrait dire plutôt : la robe dont je te parle ? »
Ça permet à tous les enfants de réfléchir ensemble, de tester des formulations, et surtout, de comprendre pourquoi une tournure fonctionne mieux qu’une autre.
Et plus tu fais ça dans le quotidien, plus les enfants vont devenir attentifs à leur propre façon de formuler. Même ceux qui n’ont pas de défi langagier vont en profiter.
Quand un enfant a un vocabulaire limité, tout devient plus difficile : comprendre les consignes, participer aux discussions, exprimer ses idées… Et en contexte de groupe, ce n’est pas toujours évident de repérer ce type de difficulté, surtout si l’enfant est plus réservé. Mais il existe plusieurs façons de nourrir leur vocabulaire sans avoir à sortir les fameuses fiches de mots par thème. 😅
Voici quelques approches simples, mais puissantes.
Tu veux enrichir le vocabulaire de ton groupe tout en stimulant leur logique ? Essaie les réseaux sémantiques. Ce n’est pas compliqué, c’est visuel, et ça engage tout le monde.
Tu pars d’un mot central – par exemple « pomme » – et tu invites les enfants à dire tout ce que ce mot leur évoque.
Quelques idées qui pourraient ressortir :
Tu peux ensuite comparer avec d’autres mots proches (ex. : poire, pêche), relever les ressemblances, les différences, et ajouter des mots qui appartiennent au même champ lexical. C’est une activité qui fait appel autant à la compréhension qu’à la production, et qui permet de bâtir des liens solides entre les mots.
Ce n’est pas rare qu’on demande à des enfants d’apprendre des listes de mots sans vraiment leur expliquer ce qu’ils veulent dire. Et quand un mot n’a pas de sens clair pour eux, ce n’est pas étonnant qu’ils aient du mal à l’utiliser ou à le retenir.
Donc, au lieu de passer directement à l’écriture ou à la dictée, prends un moment pour poser la question :
« Tu sais ce que ça veut dire, ce mot-là ? Tu peux me l’expliquer ? »
Et quand les mots sont plus abstraits, appuie-toi sur des images ou des métaphores pour aider. Pour illustrer un mot comme « espoir », par exemple, tu pourrais montrer une image d’une fleur qui pousse entre deux pierres, puis demander aux enfants :
« Pourquoi cette image pourrait représenter l’espoir ? »
Tu peux aussi utiliser des contrastes :
Montrer un paysage sombre où une page se tourne pour révéler un ciel ensoleillé, et demander ce que cette image veut dire. Ce n’est pas juste visuel, c’est aussi émotionnel. Et ça crée une vraie connexion avec le mot.
Les catégorisations, c’est un classique… mais ce n’est pas juste pour les petits. On peut les utiliser à tout âge pour renforcer le vocabulaire et la logique.
Par exemple, tu pourrais lancer :
« Est-ce que tu connais des animaux marins ? »
« Quels objets utilisent de l’électricité ? »
« Donne-moi trois fruits qui sont jaunes. »
Et ensuite, on peut insérer des sous-catégories. Ça aide les enfants à mieux organiser leur pensée.
Côté devinettes, n’oublie pas que ce n’est pas aussi simple que ça en a l’air. Pour les enfants, décrire un mot en plusieurs indices, c’est tout un défi. Tu peux leur proposer un petit cadre ou une fiche d’appui pour structurer leurs indices :
Et si leurs indices ne sont pas clairs, au lieu de dire que ce n’est pas bon, tu peux simplement guider avec des questions :
« Tu m’as dit que c’est vert… mais il y a plein de choses vertes. Tu pourrais me dire dans quelle catégorie ça va ? »
Tu verras, avec quelques ajustements, les enfants vont prendre plaisir à jouer avec les mots, et leur vocabulaire va grandir sans même qu’ils s’en rendent compte.
Pour plusieurs enfants, surtout ceux qui ont des défis langagiers, le discours est une compétence qui en demande beaucoup.
Mais la bonne nouvelle, c’est que tu peux soutenir ces habiletés-là sans ajouter de charge à ta routine. Voici comment.
Avant de demander à un enfant de raconter ce qu’il a fait ou de résumer une histoire, il faut se rappeler que ce n’est pas inné. Ce n’est pas parce qu’un enfant comprend ce qu’on lui raconte qu’il est capable, lui, de le raconter à son tour.
Alors, première étape : modéliser. Encore et encore.
Tu peux lire une histoire en groupe, puis t’arrêter pour dire :
« Moi, ce que j’ai compris, c’est que la petite fille est partie chercher son chien parce qu’il avait disparu. »
Ou encore :
« Je pense que la prochaine étape, c’est qu’elle va le retrouver dans la forêt. »
Tu montres ce que c’est, résumer, prédire, faire un lien. Et à force de voir ce que tu fais, les enfants vont tranquillement intégrer cette façon de penser et de parler.
C’est super courant — et parfaitement normal — de demander à un enfant :
« Qu’est-ce que tu as fait en fin de semaine ? »
Mais pour plusieurs enfants, surtout ceux qui ont des difficultés de langage, ce n’est pas une question facile. Ce n’est pas qu’ils n’ont rien à dire. C’est qu’ils ne savent pas par où commencer, quoi dire, ou comment organiser leurs idées.
Ils peuvent te regarder avec un air vide et répondre juste « je ne sais pas ». Ce n’est pas qu’ils n’ont pas compris la question. C’est que le discours, c’est une compétence en soi.
Avant de s’attendre à ce qu’ils racontent un événement par eux-mêmes, tu peux simplement les aider à se repérer avec des questions plus ciblées :
Petit à petit, ces repères deviennent comme un canevas mental. Et plus ils pratiquent avec ton aide, plus ils vont pouvoir s’organiser seuls… et même aider les autres à structurer leurs récits.
Tu peux créer une petite fiche ou une affiche avec les éléments clés d’un récit :
Quand vient le temps de faire une causerie ou un partage en grand groupe, tu peux pointer à l’enfant :
« Est-ce que tu veux commencer par nous dire qui était avec toi ? »
Tu ne le laisses pas seul·e avec une question vague. Tu guides, tu accompagnes, tu rends ça possible.
Et plus les enfants prennent confiance, plus ils vont vouloir parler.
Comprendre un texte, une histoire ou même une consigne, ce n’est pas automatique pour tous les enfants. Et ce n’est pas seulement une question de vocabulaire ou de mémoire. Comprendre, ça demande souvent de lire entre les lignes, de faire des liens, de se projeter. Et pour les enfants qui ont des défis langagiers, ces habiletés-là sont plus difficiles à développer.
Heureusement, tu peux les soutenir en groupe, juste en modélisant tes propres réflexions à voix haute.
Combien de fois on demande à un enfant :
« De quoi ça parlait ? »
Ou :
« Qu’est-ce que t’as compris ? »
Et là, la réponse est vague, ou complètement à côté. Ce n’est pas que l’enfant ne comprend rien. C’est peut-être qu’il ne sait pas quoi retenir, ou comment le formuler.
Une belle façon de l’aider, c’est de dire toi-même ce que tu as compris, en mettant en lumière ton raisonnement.
Par exemple :
« Moi, j’ai compris que la petite fille voulait retrouver son chien. C’est pour ça qu’elle est allée dans la forêt. »
Ou encore :
« Ce que je retiens de ce paragraphe, c’est que les loups vivent en meute, et qu’ils ont leurs petits au printemps. »
Tu ne demandes pas une réponse. Tu offres un exemple. Et ça, c’est précieux pour les enfants qui ont besoin de voir comment on fait pour comprendre un texte.
Tu peux aussi profiter d’un moment de lecture collective pour explorer ce qu’on appelle les prédictions ou les inférences.
Tu peux simplement dire à voix haute :
« Je pense qu’elle est gênée. Ça dit qu’elle est devenue toute rouge en voyant le garçon. »
Ou :
« Si j’étais à sa place, je crois que je serais un peu fâchée. »
Tu montres que tu réfléchis au-delà de ce qui est dit. Et en faisant ça devant les enfants, tu leur ouvres une porte vers une compréhension plus fine.
Tu peux ensuite leur poser la question :
« Et toi, tu penses quoi ? Pourquoi ? »
Pas pour qu’ils trouvent la bonne réponse, mais pour qu’ils s’exercent à réfléchir, à imaginer, à justifier leur point de vue.
C’est ce genre de petits moments qui, à long terme, leur permet de mieux comprendre ce qu’ils lisent, ce qu’ils entendent… et ce qu’on attend d’eux.
Les difficultés de prononciation, c’est souvent ce qui saute aux oreilles en premier. Un enfant qui dit « un krain » au lieu de « un train », ou qui remplace le son « ch » par « s », ça s’entend. Et c’est normal de vouloir l’aider… mais ce n’est pas toujours évident de le faire en contexte de groupe, sans viser un enfant en particulier.
Donc, que peux-tu faire ? Eh bien, il y a des stratégies qui permettent d’exposer tous les enfants aux sons tout en aidant ceux qui en ont le plus besoin, de façon naturelle et inclusive.
Tu remarques qu’un enfant de ton groupe a de la difficulté avec un son en particulier, comme le « ch » ou le « tr » ? Ce n’est pas obligé de devenir un exercice ciblé. Tu peux simplement organiser des activités où ce son-là revient souvent.
Par exemple :
Tu n’as pas besoin de dire à haute voix : « Aujourd’hui, on travaille le son /ch/ ». Ce n’est pas ça l’objectif. Tu exposes l’enfant au bon modèle plein de fois, dans un contexte où il est actif, intéressé, et pas isolé. Et souvent, c’est comme ça que les progrès s’installent.
Chez les enfants un peu plus grands (fin du préscolaire, début du primaire), tu peux intégrer des activités de conscience phonologique pour les aider à entendre et manipuler les sons. C’est ce qu’on appelle parfois la « conscience phonologique intégrée ».
Par exemple, si un enfant dit encore « krain » au lieu de « train », tu peux faire une activité où on isole les sons :
« C’est quoi le premier son dans le mot “train” ? On entend quoi ? »
Et tu fais ça avec tout le groupe.
Tu peux même faire le lien avec l’écrit :
Tu dis le mot à voix haute, vous segmentez les sons ensemble, puis tu l’écris au tableau.
« Ah, on entend le son “tttt” en premier… et c’est un T. »
Ce n’est pas une dictée, ce n’est pas une leçon formelle. C’est une façon de connecter les sons et les lettres, d’ancrer la bonne forme dans la tête de l’enfant, tout en gardant un contexte stimulant et collectif.
Pour renforcer encore plus cette exposition aux sons, tu peux proposer des mini-jeux très simples, comme :
Et même si ce n’est pas un objectif pour tous les enfants, personne ne perd son temps. Ceux qui ont déjà acquis les sons s’amusent, ceux qui sont en apprentissage bénéficient d’une immersion supplémentaire… et tout ça dans une ambiance ludique.
Un enfant qui ne se fait pas comprendre, ça arrive plus souvent qu’on pense. Et quand c’est récurrent, ça peut avoir des impacts sur sa confiance, ses relations avec les autres, et même sa motivation à parler. En milieu de garde ou en classe, ces moments de malentendu sont fréquents… mais ce n’est pas une fatalité.
Avec une présence attentive et quelques interventions bien ciblées, tu peux transformer un bris de communication en occasion d’apprentissage — pour l’enfant qui parle, et pour celui qui écoute.
Tu le vois, ce moment où un enfant tente de dire quelque chose… mais personne ne comprend. Il répète une fois, deux fois. Puis il abandonne. 😔
C’est parce qu’il vit une frustration bien réelle : celle de ne pas réussir à se faire comprendre.
Et toi, comme adulte, tu peux intervenir tout doucement. Tu peux dire :
« Oh… on dirait que ce n’est pas facile à dire, hein ? Tu veux qu’on essaie ensemble ? »
Puis proposer des stratégies :
Tu peux aussi t’adresser à l’enfant qui n’a pas compris :
« Est-ce que tu veux lui redemander ? Tu peux lui dire : je n’ai pas compris. »
Ce n’est pas naturel pour les enfants de faire ça. Mais quand tu les guides, ils apprennent.
Ce n’est pas rare que les enfants qui ont des défis langagiers soient mal perçus. On pense qu’ils sont bizarres, qu’ils n’écoutent pas, qu’ils sont dans leur bulle… alors qu’en réalité, ils peinent à suivre le rythme de la conversation.
Tu peux en parler ouvertement, sans jamais stigmatiser. Par exemple :
« Des fois, dans notre groupe, on se comprend tout de suite. D’autres fois, c’est plus difficile. Et ce n’est pas grave. Ce qu’on veut, c’est apprendre à mieux se comprendre. »
Tu peux même préparer ton groupe à réagir autrement :
« Si quelqu’un dit un mot que tu ne comprends pas, tu peux lui dire : je ne comprends pas, tu peux me le redire stp ? »
C’est une petite habitude qui change tout.
Et si certains enfants de ton groupe sont particulièrement habiles pour parler, tu peux les inviter à devenir des modèles ou des alliés. Pas pour « corriger », mais pour montrer une autre façon de dire les choses.
Tu pourrais dire :
« Thomas, tu veux répéter ce que tu as compris ? »
Ou :
« Est-ce que tu veux aider Léa à expliquer ce qu’elle voulait dire ? »
Ça crée une dynamique d’entraide. Et souvent, l’enfant qui a de la facilité prend ce rôle avec fierté, pendant que l’autre se sent valorisé d’être écouté, soutenu, accompagné.
Tu n’as pas besoin d’avoir une formation en orthophonie pour soutenir le développement du langage dans ton groupe. Et tu n’as surtout pas besoin de tout faire d’un coup. Ce n’est pas réaliste, et ce n’est pas ça qui va faire la plus grande différence.
Ce qui change vraiment les choses, c’est de commencer petit, avec des gestes simples, mais faits avec intention.
Toutes les stratégies dont je t’ai parlé peuvent être intégrées dans ton quotidien, que ce soit à la collation, en causerie, en lecture ou pendant une activité libre. Ce n’est pas quelque chose que tu ajoutes. C’est une façon de penser et d’agir, tranquillement, à travers ce que tu fais déjà.
Et oui, tous les enfants en bénéficient.
Tu n’as pas à tout retenir. Tu n’as pas à transformer ta façon de faire du jour au lendemain. Mais si tu choisis une ou deux stratégies à essayer cette semaine, c’est déjà un beau départ. Et plus tu vas le faire, plus ça va devenir naturel. Un réflexe. Un automatisme.
Tu accompagnes un groupe. Tu gères des routines, des émotions, des conflits, des transitions. Tu fais déjà un travail énorme.
Alors ce que je te propose ici, ce n’est pas de t’ajouter de la charge. C’est juste de te donner des repères pour que tu puisses soutenir encore mieux le langage des enfants… sans t’épuiser, et en ayant un vrai impact.
Parce qu’au bout du compte, c’est ce lien-là — entre ce que tu fais, ce que tu dis, et ce que les enfants comprennent — qui va leur permettre de grandir, de s’exprimer et de trouver leur place dans le groupe. 🥰
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C’est possible d’intégrer la stimulation langagière dans les activités quotidiennes en groupe, sans ajouter de nouvelles tâches. L’utilisation constante du modèle verbal est essentielle : ça consiste à reformuler correctement une phrase ou un mot dit incorrectement par un enfant, même lorsqu’il n’y a pas d’erreur flagrante. Ça offre un exemple clair et naturel de la bonne formulation.
Pour aider les enfants à construire des phrases complètes et structurées, on peut utiliser l’analyse syntaxique, même dès le préscolaire. Les représentations visuelles (ex. : sujets, verbes, compléments) aident à comprendre la structure des phrases. Travailler avec des marqueurs de relation comme « parce que », « lorsque » ou « si » permet aussi de complexifier les phrases.
Sans intervenir directement sur la prononciation, on peut exposer les enfants à des mots contenant les sons difficiles pour eux. Par exemple, proposer une activité autour de mots avec le son « ch » ou « tr » permet de renforcer leur exposition auditive et d’encourager la répétition correcte via le modèle verbal.
Pour soutenir les compétences discursives (raconter, décrire, expliquer), il faut offrir des modèles clairs et des structures visuelles (ex. : qui, quoi, quand, où). L’enfant apprend d’abord à identifier ces éléments dans des histoires avant de les utiliser pour s’exprimer lui-même. La compréhension peut aussi être renforcée par des prédictions, inférences ou résumés guidés par l’adulte.