Bienvenue au cinquième épisode de ma mini-série sur l’accompagnement parental !
Dans cet épisode, je vais t’expliquer comment on peut prendre en charge un enfant ou un parent en évitant de passer des heures à rédiger un rapport.
Une collègue orthophoniste et moi offrons une formation sur l’accompagnement parental à l’intention des professionnels qui travaillent avec des enfants. Cette formation, intitulée « En équipe, les professionnels en accompagnement parental », explique comment les parents et les professionnels peuvent collaborer pour aider les enfants.
Dans cette formation, tu apprendras entre autres :
Dans la formation, on te mentionne aussi plusieurs exemples concrets de notre pratique et on te donne des outils pour que tu puisses appliquer ce que tu auras appris dès le lendemain. Je t’invite à t’inscrire à cette formation dès maintenant !
Souvent, quand je parle à d’autres professionnels de l’accompagnement parental et de ma façon d’offrir mes services, ils me disent : « Oh wow, c’est tellement une bonne idée ! Moi non plus, je n’en peux plus d’écrire de longs rapports qui ne servent presque à rien ! ».
Par contre, ces personnes pensent peut-être qu’elles ne pourraient jamais adopter une méthode d’intervention comme la mienne.
Mais moi, je suis ici pour te dire que si tu travailles avec des enfants, tu PEUX incorporer l’accompagnement parental à TA pratique et éviter la rédaction de rapports.
Bien sûr, si ta clientèle se compose d’enfants d’âge scolaire qui ont besoin d’un plan d’intervention, tu ne pourras pas complètement éliminer les blocs de rédaction à ton horaire.
Quand je parle d’entamer un suivi en orthophonie sans rédiger un rapport, je parle plutôt des enfants d’âge préscolaire.
Parce que des rapports inutiles pour des enfants d’âge préscolaire, j’en ai écrit. Je connais bien ça.
Et, un jour, je me suis tannée.
J’ai réalisé que quand je remettais les fameux rapports aux parents, ils n’étaient pas surpris. Je ne leur apprenais rien de révolutionnaire sur leur enfant. Les parents étaient d’accord avec mes observations, car ils avaient eu les mêmes.
J’allais un peu plus en détail qu’eux, bien sûr. Mais si je disais à un parent que son enfant ne disait pas assez de mots pour son âge ou qu’il ne produisait pas le mot « je » dans ses phrases, le parent était déjà au courant. Il le savait, il l’avait remarqué.
Le vrai motif de consultation pour les parents, la vraie raison pour laquelle les parents étaient dans mon bureau, c’était pour savoir comment aider leur enfant.
Mais, après avoir présenté mon long rapport, il ne me restait que quelques minutes en fin de rencontre pour donner des stratégies de stimulation langagière aux parents.
Le ratio d’informations vs aide concrète était un peu déséquilibré, je trouvais.
J’ai donc revu ma façon de faire, et maintenant, je skip l’étape du rapport pour offrir plus rapidement (et plus en détail) mes conseils aux parents.
J’en ai parlé plusieurs fois, mais en tant qu’orthophonistes, nous avons un ordre professionnel à respecter.
Certaines personnes croient que cet ordre nous oblige à faire une évaluation avant d’aider un enfant… Et, en fait, c’est partiellement vrai.
Notre code de déontologie nous dit qu’on a une obligation professionnelle d’émettre une opinion clinique, et que pour émettre ce jugement, on doit avoir les informations requises.
Donc, avant de conseiller quelqu’un ou de lui donner des trucs, on doit savoir de quoi on parle, connaître la situation, être au courant des difficultés de l’enfant.
La méthode classique d’obtenir toutes ces informations, c’est de s’asseoir avec l’enfant, d’observer tous les aspects de son langage, d’analyser ses productions et de mettre le tout par écrit. Ensuite, on se dit : « OK, je suis prête à émettre mon jugement clinique ».
Mais, pour recueillir les informations nécessaires, on peut faire autrement.
C’est pourquoi je fais maintenant ce qui ressemble à des évaluations dynamiques.
Si tu es orthophoniste, tu sais de quoi il s’agit. Au lieu de faire une longue rencontre d’évaluation, tu en fais plusieurs petites en considérant aussi la réponse à l’intervention.
En observant l’évolution de l’enfant pendant que tu essaies des stratégies de stimulation langagière avec lui, tu peux voir si les mesures d’aide sont efficaces pour l’enfant, si tu devrais les modifier, si l’enfant a besoin d’encore plus de soutien, etc.
Donc, contrairement à une évaluation classique, l’évaluation dynamique se fait plus tranquillement. On pourrait dire que c’est une évaluation à long terme.
Par contre, dans certains cas, il sera quand même nécessaire de rédiger un rapport orthophonique complet.
Par exemple, une orthophoniste doit rédiger un rapport quand il s’agit :
Mais, dans ces situations, l’orthophoniste doit être capable de démontrer que les difficultés de l’enfant persistent dans le temps.
Si c’est la première fois que tu vois un enfant dans ton bureau, comment savoir si ses difficultés sont persistantes ? Ce sera difficile, à moins que l’enfant ait déjà été vu par une autre orthophoniste et que tu le rencontres quelques mois ou années plus tard.
Aujourd’hui, je vais donc te parler de ce que j’ai décidé de mettre en place selon ma compréhension actuelle de la réglementation de mon ordre professionnel. Et, pour moi, cette méthode est LA méthode la PLUS bénéfique pour aider les parents et les enfants.
L’une des premières choses que je considère quand je fais une prise en charge d’un nouveau client en accompagnement parental, c’est la question suivante : qui est mon client ?
La réponse à cette question est super importante parce qu’elle a un énorme impact sur le nombre d’informations que je dois recueillir pour mes dossiers.
Mais, comment savoir si ton client est le parent ou l’enfant ?
Je dois prendre plusieurs choses en considération, comme l’âge de l’enfant, la sévérité de ses difficultés et le niveau de connaissances du parent.
Quand je détermine que le parent est le client, c’est souvent parce qu’il s’agit d’un enfant très jeune.
Le parent, il vient vers moi pour que je lui donne des conseils, que je lui montre quelques stratégies à utiliser, que je lui dise si telle ou telle chose est normale ou pas… Il n’est pas question que j’aide l’enfant directement ou que j’arrive à une conclusion orthophonique concernant son langage.
Le parent, ce qu’il veut, c’est de l’aide pour lui. De l’aide pour l’aider à aider son enfant (ça fait beaucoup d’aide, ça 😜).
Dans ces cas-là, je débute en ayant le parent comme client. Je ne vois pas l’enfant, mais je travaille avec les informations que le parent me rapporte.
Et oui, je demande des extraits audio ou vidéo du quotidien, mais j’en profite pour observer le parent, et non l’enfant. Comment le parent agit-il avec son enfant ? Est-ce que le parent utilise bien les stratégies de stimulation du langage ? Est-ce que le parent essaie toujours de contrôler le jeu, comme mentionné dans l’épisode précédent ?
Mais, pas de panique : je ne fais pas une évaluation du parent. Je n’évalue pas les compétences parentales ou les habiletés d’interaction du parent. Je ne fais qu’amasser de l’information et prendre des notes. Évaluer les parents, ce n’est pas mon métier.😉
Ce que je vais faire, c’est plutôt d’aider le parent à faire des réflexions sur sa façon d’être. Je vais lui montrer des extraits des vidéos qu’il m’a envoyées pour lui dire, par exemple : « Regarde comment tu t’y es pris ici. Quelle approche as-tu prise ? Est-ce que tu as utilisé une stratégie ? Tu vois, tu l’as bien utilisée parce qu’on voit que ton enfant réagit bien. »
Donc, non, je n’évalue pas le parent. Je l’aide à modifier sa façon d’interagir avec son enfant de manière à favoriser la stimulation langagière.
S’il s’agit d’un enfant plus vieux, ou bien d’un enfant qui a des difficultés plus précises (en lien avec la prononciation de certains sons, par exemple), je vais trouver utile de vérifier les habiletés langagières de l’enfant.
À ce moment, mon client, c’est l’enfant. Et là, ça change tout.
Quand le client est un enfant, je vais procéder à une évaluation de ses habiletés langagières. Je vais regarder comment son langage se développe. Encore une fois, puisque je travaille à distance, je le fais toujours avec des extraits audios ou vidéos.
Puis, au fur et à mesure que je rencontre le parent et que je regarde les extraits qu’il m’envoie, je peux observer l’évolution de l’enfant.
Pour te donner une idée, les suivis que je fais avec les parents sont de 3 mois minimum, et dans certains cas, ça peut s’étirer à 6 mois (ou même plus).
Après 6 mois, si les difficultés de l’enfant ne semblent pas se résorber, je vais peut-être recommander que l’enfant ait un suivi individuel avec une orthophoniste en combinaison avec l’accompagnement parental.
En gros, avoir l’enfant comme client, ça implique :
En écrivant mon rapport seulement après 3 mois de suivi, je peux dire plus de choses au parent que juste : « Voici les difficultés de ton enfant et ce qu’il faut faire pour l’aider ».
Au début des 3 mois, je dis au parent : « Voici mes observations. Pour toi, qu’est-ce qui est le plus problématique dans la vie quotidienne ? Quels sont les défis de l’enfant au niveau de la communication ? Qu’est-ce que tu veux qu’on adresse en premier ? ». Et, ensemble, on cible les objectifs, en prenant en compte les besoins du parent et de l’enfant, mais aussi ce qui est réaliste en fonction de l’âge de l’enfant.
Après les 3 mois, c’est là que je rédige mon rapport. En fait, ce sera autant un rapport d’évaluation que d’évolution. Pourquoi ? Parce qu’on va s’être donné au moins 3 mois pour voir comment l’enfant réagit aux stratégies de stimulation langagière et pour constater s’il y a des progrès.
Et ça, ça va me permettre de juger si c’est pertinent pour cet enfant d’avoir des rencontres en présentiel avec une orthophoniste. Évidemment, même dans des cas comme ça, l’accompagnement parental reste super utile et pertinent, mais parfois, la combinaison des deux approches peut être plus bénéfique pour l’enfant.
Est-ce que ça m’arrive de débuter avec le parent comme client, puis de bifurquer vers l’enfant ?
Absolument.
Parfois, je vais commencer par prendre le parent comme client pour m’assurer que le parent connaît de bonnes stratégies de stimulation langagière et qu’il peut donner des modèles verbaux appropriés à son enfant. Ensuite, une fois les stratégies mises en place pour aider l’enfant, je prends l’enfant comme client. Ainsi, je peux analyser certains sons, certains mots, la morphosyntaxe, comment l’enfant construit ses phrases, etc.
Dans certains cas, juste le fait d’avoir eu le parent comme client, ce sera suffisant. Je n’aurai pas besoin d’aller plus en profondeur dans les habiletés langagières de l’enfant.
Et, si le parent est déjà bien outillé en ce qui concerne la stimulation du langage (s’il a déjà fait des ateliers dans le cadre du programme Agir tôt, par exemple), je vais directement prendre l’enfant comme client.
Voilà qui fait le tour de ce dont je voulais parler aujourd’hui !
Une chose à garder en tête : le rapport en orthophonie est important, mais il n’est pas toujours nécessaire au jour 1.
Si tu as des questions concernant mon processus d’évaluation, je t’invite à m’écrire un courriel ([email protected]) pour que je puisse y répondre.
Comme mentionné, tu peux t’inscrire à la formation que j’offre avec Mélissa Farkouh pour avoir plus de conseils en lien avec l’accompagnement parental. Cependant, pour le moment, on s’est surtout concentrées sur ce qui a un lien avec l’intervention en coaching parental (le côté « évaluation » sera sûrement abordé dans une prochaine formation).
De mon côté, j’ai mis en place un programme de mentorat pour mes collègues orthophonistes, mais aussi pour tous les autres professionnels. Si ça te tente d’avoir mon opinion, de discuter de ta situation, de voir comment tu pourrais modifier ta façon de travailler pour incorporer l’accompagnement parental, ce programme de mentorat est pour toi.
Bref, plein de belles choses m’attendent (en fait, nous attendent) dans les semaines et mois à venir. J’ai hâte de te présenter tout ça, donc stay tuned !
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