Épisode 71

Les relations de couple et l’entrepreneuriat - avec Sophie Morin

Écoute le podcast Autrement sur
Lorianne Lacerte - Icône - Apple podcastÉcoutez sur Spotify

Entre ton entreprise, ta vie de couple et ta famille, tu as parfois l’impression de tout porter ? Tu n’es pas seul·e. Quand on est en affaires — surtout dans les métiers d’aide — la frontière entre le travail et la vie perso devient floue.

Avec la thérapeute Sophie Morin, j’explore ce qui se joue vraiment : la charge émotionnelle qui déborde, les décisions financières qui affectent le couple, les différences dans la façon de se ressourcer, et les discussions qu’on évite trop souvent.

L’objectif ? T’aider à trouver ton équilibre. Comprendre ce dont toi, ton couple et ton entreprise avez besoin pour coexister sans t’épuiser.

Qui est Sophie Morin ?

Sophie Morin est thérapeute spécialisée en difficultés relationnelles et conjugales. Formée en sexologie, elle accompagne depuis près de dix ans des personnes seules et des couples qui veulent retrouver une connexion plus saine et authentique.

Ce qui la distingue, c’est sa façon de parler des relations sans détour, mais toujours avec bienveillance. Elle aborde les enjeux de couple avec une approche à la fois humaine et concrète : comprendre les dynamiques, reconnaître les besoins de chacun et oser avoir les conversations qu’on évite souvent.

Sophie comprend aussi très bien la réalité des entrepreneures, puisqu’elle a elle-même un parcours en clinique privée. Elle connaît la pression d’avoir un agenda rempli, de devoir se faire connaître, de gérer les finances… bref, d’avoir plusieurs chapeaux à la fois. C’est ce regard double, celui de la thérapeute et de l’entrepreneure, qui rend sa perspective si précieuse quand on parle de l’équilibre entre l’entreprise et la vie de couple.

Comprendre pourquoi l’entrepreneuriat bouscule le couple

Quand on se lance en affaires, on ne s’attend pas toujours à l’impact que ça aura sur notre vie de couple. Pourtant, c’est souvent là que le déséquilibre se fait sentir : ton entreprise devient une extension de toi, et sans t’en rendre compte, elle s’invite à la table au souper, dans tes pensées la nuit, ou même pendant les moments de détente.

Le défi, c’est que ton·ta partenaire ne vit pas nécessairement cette réalité-là. Il ou elle voit que tu travailles fort, mais ne comprend pas toujours à quel point ton cerveau ne s’arrête jamais. Ce n’est pas une question de temps passé au travail, mais de charge mentale constante. Tu peux être physiquement présent·e à la maison, tout en étant mentalement en train de planifier ton prochain lancement ou de résoudre le problème d’un· client·e.

Quand la compréhension manque dans le couple

Si ton·ta partenaire n’est pas dans un milieu semblable, l’incompréhension peut s’installer. Tu te sens peut-être jugé·e parce que tu travailles trop, ou au contraire incompris·e quand tu expliques que tu ne peux pas « juste décrocher ».

Ce n’est pas de la mauvaise volonté : c’est simplement deux réalités qui ne se rejoignent pas. Et c’est là que les discussions deviennent essentielles. Pas pour « justifier » ton investissement dans ton entreprise, mais pour traduire ta réalité.

Nommer ce que tu vis, ce que ça te demande et comment ton travail te touche émotionnellement, c’est souvent la première étape pour ramener de la compréhension et du soutien.

Les compétences émotionnelles qu’on ne voit pas, mais qui changent tout

Quand on pense à l’entrepreneuriat, on imagine souvent des chiffres, des stratégies et des décisions à prendre. Pourtant, ce qui pèse le plus dans la balance, ce ne sont pas les tâches visibles, mais tout ce qu’on gère intérieurement.

Travailler dans les métiers d’aide, c’est être constamment en contact avec la vulnérabilité humaine. Il faut écouter, comprendre, soutenir, s’ajuster… tout en restant soi-même régulé·e émotionnellement. Et ça, c’est une compétence à part entière.

Des compétences humaines qui demandent de l’énergie

Sophie en parle très justement : les compétences émotionnelles et relationnelles sont des compétences professionnelles, même si on ne les apprend pas dans un livre. Être capable de rester calme quand la charge est lourde, de réfléchir sans se laisser emporter, de communiquer avec empathie, ce sont des forces immenses, mais elles s’usent si on ne se recharge pas.

Ce qui est difficile, c’est que ces efforts ne se voient pas. Ton·ta partenaire ne voit pas forcément toute la gestion interne que tu fais pour rester solide au travail. Résultat : la fatigue émotionnelle s’accumule et finit par se glisser dans la relation.

L’importance de se recharger pour de vrai

La vraie solution, ce n’est pas de mieux gérer ton temps, mais de renouveler ton énergie. Parce qu’aider, créer, réfléchir, soutenir… ça vide. Et si tu continues à donner sans jamais remplir ton réservoir, tu finis par te sentir à bout, sans même comprendre pourquoi.

Prendre soin de soi, ce n’est pas un luxe : c’est une responsabilité. Ce temps-là, il ne sert pas qu’à toi ; il protège aussi ta relation, ta santé mentale et ton entreprise. Parce qu’une entrepreneur·e épuisé·e n’a plus la même clarté, ni la même présence (ni au travail, ni à la maison).

Clarifier ton modèle de vie à deux

Une des plus grandes sources de tension dans les couples où l’un·e est entrepreneur·e, c’est l’absence de vision partagée. On part chacune avec nos envies, nos ambitions et nos limites, sans vraiment s’asseoir pour se demander : « on veut que notre vie ressemble à quoi ? »

C’est là que le désalignement commence. D’un côté, tu veux développer ton entreprise, saisir des opportunités, aller plus loin. De l’autre, ton·ta partenaire espère plus de présence, plus de calme, plus de moments en famille. Et sans discussion claire, chacun·e tire dans une direction différente.

Une question d’équilibre, pas de pouvoir

Comme le dit Sophie, la clé, ce n’est pas de gagner une lutte de pouvoir, mais de créer une alliance de couple. Avant de parler d’horaires, de revenus ou de priorités, il faut décider ensemble du modèle de vie qu’on veut construire : combien de temps on consacre au travail ? Quelle importance on accorde à la famille, aux loisirs, à la liberté ?

C’est un peu comme un budget : il y a toujours plus de désirs que de ressources. On aimerait tout faire, mais il faut choisir consciemment ce qu’on garde et ce qu’on met de côté pour un temps.

Transformer les frustrations en clarté

Ces discussions peuvent être inconfortables, oui. Elles forcent à admettre qu’on ne peut pas tout avoir en même temps. Mais elles permettent aussi de sortir du flou, d’éviter les reproches silencieux et de revenir à une entente concrète.

Plutôt que de subir la charge mentale ou les horaires qui débordent, tu peux dire : « voici ce que j’ai besoin pour avancer, et voici ce que je peux offrir ». Quand les attentes sont claires des deux côtés, la relation respire mieux.

Et tu verras : quand ton couple redevient une équipe, ton entreprise avance plus vite aussi.

Besoins, désirs et discussions honnêtes

Dans un couple, on parle souvent de « besoins », mais on mélange souvent besoins et désirs — et c’est là que les malentendus s’installent. Sophie le dit bien : un besoin, c’est manger. Un désir, c’est manger des sushis. Les deux sont valides, mais ils ne demandent pas la même réponse.

Quand tu amènes tes désirs dans la discussion comme s’ils étaient essentiels, ton·ta partenaire peut se sentir dépassé·e, ou avoir l’impression de ne jamais en faire assez. Et à l’inverse, quand tu réprimes tout par peur de déranger, tu finis frustré·e.

Mettre des mots clairs sur ce que tu veux vraiment

Prendre le temps de distinguer ce dont tu as besoin de ce que tu aimerais, c’est une façon d’apaiser la communication. Par exemple, tu peux dire :

  • « J’ai besoin de moments sans interruption pour créer. »
  • « J’aimerais qu’on voyage plus souvent ensemble. »

Ce petit ajustement change tout. Il permet à l’autre de mieux comprendre ce qui est vital pour toi, et ce qui relève plutôt du souhait ou du projet.

Revenir aux ressources réelles du couple

Une fois les besoins et désirs clarifiés, il faut regarder les ressources disponibles : le temps, l’énergie, l’argent.

Par exemple, si tu prends un gros mandat, est-ce que tu auras encore la disponibilité pour ta famille ? Si ton·ta partenaire soutient financièrement la maison pendant que tu développes ton entreprise, jusqu’où est-ce réaliste ?

Ce genre de conversation ne vise pas à restreindre, mais à bâtir un cadre où les deux se sentent respecté·es et entendus. Parce qu’un couple, comme une entreprise, a besoin d’un plan clair pour durer.

L’argent, un sujet tabou mais incontournable

Parler d’argent dans le couple, surtout quand on est entrepreneur·e, c’est souvent délicat. On a peur d’être jugé·e, de créer de la tension ou de donner l’impression qu’on dépend trop de l’autre. Pourtant, c’est un sujet central, parce que les décisions financières de ton entreprise ont un impact direct sur ta vie à deux.

Sophie en parle sans détour : une famille, c’est une petite entreprise. Et quand on vit à deux, il y a en réalité deux business qui cohabitent : celle du couple et celle de ton entreprise. Si ces deux structures ne se parlent jamais, le déséquilibre s’installe rapidement.

Parler d’argent, c’est parler de vision commune

Discuter d’argent, ce n’est pas parler de contrôle ou de permission ; c’est parler de vision.

Combien de temps, d’énergie et de ressources êtes-vous prêt·es à investir dans ton projet ? Jusqu’où pouvez-vous aller avant que ça crée une tension réelle ?

Fixer ensemble un cadre clair — par exemple une durée, une somme ou un seuil — permet de garder la confiance vivante dans le couple. Quand chacun·e sait à quoi s’en tenir, la charge mentale diminue, et les décisions se prennent sans non-dits ni culpabilité.

Distinguer la réalité des émotions

Ce qui complique les discussions d’argent, c’est souvent la charge émotionnelle qui vient avec. On associe beaucoup l’argent à la réussite, à la valeur personnelle, à l’autonomie.

Mais comme le souligne Sophie, il faut apprendre à détacher les chiffres des émotions.

Tu peux être un·e excellent·e professionnel·le, investir tout ton cœur dans ton entreprise, et vivre une période financièrement difficile. Ce n’est pas un échec personnel ; c’est une phase normale dans la vie d’un·e entrepreneur·e.

Ce réalisme protège la relation. Quand on accepte de parler de chiffres sans se sentir remis·e en question dans sa valeur, les discussions deviennent beaucoup plus constructives.

Créer un espace de transparence et de respect

Si ton·ta partenaire te soutient financièrement pendant que ton entreprise se stabilise, c’est essentiel que ce soit par choix et par respect mutuel, pas par devoir silencieux.

Nommer la situation, en parler ouvertement, c’est ce qui évite que le sujet devienne un poids ou un terrain de ressentiment.

L’argent ne devrait jamais devenir un tabou dans un couple. C’est un outil, pas un test de valeur. En en parlant franchement, tu protèges ton entreprise et ta relation.

Quand l’égo et l’identité sont mis à l’épreuve

L’entrepreneuriat, c’est une belle école de liberté, mais aussi d’humilité.

Quand tout repose sur ton nom, tes offres, ta capacité à te démarquer, chaque succès t’élève, et chaque échec te secoue jusque dans ton identité.

Sophie l’a vécu elle-même en quittant son ordre professionnel : elle est passée d’un cadre reconnu à un monde où il faut tout rebâtir. Plus de filet, plus de titre qui inspire la confiance. Juste ton expertise, ton intuition et ta capacité à te vendre.

Et c’est là que l’égo en prend un coup.

L’entrepreneuriat, miroir sans filtre

Quand tu travailles à ton compte, tout devient personnel. Un lancement qui échoue, un client qui se désabonne, un projet qui ne décolle pas… Ça ne touche pas seulement tes revenus, mais aussi ton sentiment de compétence.

Tu te demandes si tu es encore « fait·e pour ça », si tu vaux autant que les autres, si ton idée était si bonne que ça.

Mais comme le dit Sophie : ce n’est pas toi qui n’es pas bon·ne, c’est peut-être ton modèle d’affaires qui n’était pas viable.

Et cette distinction-là change tout.

Apprendre à se détacher du résultat

Chaque entrepreneur·e finit par se heurter à cette réalité : le marché ne récompense pas toujours la compétence, ni la gentillesse, ni la rigueur.

Tu peux tout faire « comme il faut », et ça peut quand même ne pas marcher.

Le défi, c’est d’apprendre à voir ces moments comme des ajustements, pas des verdicts.

Tu n’as pas échoué : tu es en train d’apprendre. Et ces apprentissages-là valent plus que n’importe quelle formation payée.

Quand la vie de couple devient le miroir de ta croissance personnelle

On parle souvent du développement personnel comme d’un chemin individuel, mais la vérité, c’est qu’il transforme aussi nos relations. Quand tu travailles sur toi, que tu fais des formations, lis des livres, explores tes émotions, tu changes. Et forcément, ton couple change avec toi.

Sophie le souligne : quand une personne entre dans une phase de transformation, ça peut créer un décalage. Toi, tu te sens en pleine évolution, prêt·e à comprendre, à t’ouvrir, à grandir… pendant que ton·ta partenaire observe ça de l’extérieur, sans toujours comprendre où tu t’en vas.

Accepter que l’autre n’avance pas au même rythme

Tu peux être dans une période intense de remise en question pendant que l’autre aspire à la stabilité et à la légèreté. Et c’est correct.

L’enjeu, c’est de ne pas tomber dans la comparaison : tu n’as pas besoin qu’il ou elle évolue au même rythme que toi, mais tu as besoin d’un espace de dialogue pour partager ce que tu vis.

Nommer les changements, dire ce que tu découvres sur toi, expliquer ce que tu veux préserver dans la relation, ça aide l’autre à te suivre, même s’il ou elle ne vit pas la même chose.

Trouver le point d’équilibre entre autonomie et connexion

C’est là que beaucoup de couples se perdent : l’un cherche à se retrouver, pendant que l’autre essaie de préserver le « nous ».

Mais grandir ne veut pas dire s’éloigner.

Tu peux évoluer, explorer, te transformer, tout en maintenant des moments d’ancrage dans ta relation : des soupers sans parler de travail, des marches où on rit juste pour rire, des moments où on met l’entrepreneuriat sur pause pour redevenir deux humains.

C’est souvent dans ces moments-là que le lien se régénère.

Redéfinir le couple à travers le changement

Un couple solide, ce n’est pas deux personnes qui ne bougent pas. C’est deux personnes qui acceptent de se redécouvrir au fil du temps.

Et quand tu es entrepreneur·e, cette redécouverte est constante, parce que ton entreprise te fait grandir vite, parfois trop vite.

Alors oui, ça demande des ajustements, des conversations, parfois des recadrages. Mais c’est aussi une chance. Ton couple devient un terrain d’évolution, un espace où tu peux être pleinement toi : vulnérable, ambitieux·se, imparfait·e et en apprentissage.

Et ça, c’est précieux.

Trouver ton propre rythme et protéger ton énergie

Être entrepreneur·e, c’est souvent vivre dans un mode de performance constant : créer, planifier, livrer, recommencer. Et pourtant, ce rythme-là n’est pas toujours compatible avec une vie de couple équilibrée. Si tu ne fais pas attention, ton énergie finit par se disperser entre ton entreprise, tes client·es, tes proches… Et il ne reste plus grand-chose pour toi.

Sophie le dit bien : être une personne qui aide à temps plein, ça demande une immense régulation émotionnelle. Ton travail ne se termine pas quand tu fermes ton ordi. Tu continues à penser à tes client·es, à leurs défis, à leurs progrès. Et cette charge invisible, si elle n’est pas reconnue, finit par s’étendre à toutes les sphères de ta vie.

Identifier ce qui te recharge vraiment

On parle souvent d’« équilibre », mais la clé, c’est plutôt de comprendre ce qui te régénère.

Certaines personnes ont besoin de solitude, d’autres de connexion. Certaines retrouvent leur énergie dans le mouvement, d’autres dans le silence.

L’important, c’est d’apprendre à reconnaître les signaux de ton corps et de ton esprit : quand tu es épuisé·e ou irrité·e, c’est un appel à te réaligner.

Et non, ce n’est pas égoïste. C’est une forme de respect envers toi, et aussi envers ton couple.

Apprendre à ralentir, même quand tout va vite

Ralentir, ce n’est pas renoncer. C’est choisir la durabilité.

Tu n’as pas à tout faire tout de suite, ni à réussir au même rythme que les autres.

Et plus tu apprends à écouter ton propre tempo, plus tu peux être présent·e dans ton entreprise, mais surtout dans ta vie. Parce qu’au fond, c’est ça le but : créer une pratique et une relation qui te ressemblent, dans lesquelles tu te sens bien.

Ce qu’il faut retenir pour concilier amour et entrepreneuriat

En bref, créer une entreprise, c’est aussi créer une version de toi que tu ne connaissais pas encore. Cette transformation-là, aussi belle que déstabilisante, touche tout : ton rythme, tes valeurs, tes relations, ta façon d’aimer.

Rappelle-toi : ton couple n’est pas un frein à ta réussite, c’est un miroir. Il te montre ce qui a besoin d’être vu : ce que tu veux protéger, ce qui te nourrit, ce que tu repousses. Plus tu apprends à écouter ces signaux, plus tu peux ajuster avant que ça déborde.

Tu n’as pas à être performant·e partout. Tu peux aimer ton entreprise, ton·ta partenaire et toi-même, sans te perdre dans le processus. L’important, c’est de nommer, d’ajuster, de respirer et de revenir au « pourquoi » derrière tout ça.

Parce qu’au fond, si tu as choisi cette vie d’entrepreneur·e, c’est pour la liberté qu’elle t’apporte. Et cette liberté-là prend tout son sens quand elle s’accompagne d’un amour vrai, complice et vivant.

Tu veux qu’on travaille ensemble ? Réserve un rendez-vous de connexion avec moi.

Liens pour en savoir plus sur Sophie :

JE VEUX TE LIRE CHAQUE SEMAINE

Reçois un beau mélange de stratégies concrètes et de mindset directement dans ta boîte courriel.