Dès les premières semaines d’école, les enfants de 1ère année reviennent à la maison avec une liste de mots à étudier. Parfois, ces mots sont présentés sous forme de liste avec des couleurs de feuilles différentes pour chaque section. D’autres fois, les enseignants font imprimer les mots sur du carton rigide prêt à être découpé. Peu importe qu’ils soient présentés sous forme de listes de mots ou de carton rigide, ces mots sont souvent mieux connus sous le nom de mots-étiquettes. À quoi servent ces mots? Que devons nous faire en tant que parent pour faire apprendre ces mots à nos enfants?
Tout d’abord, il pourrait être pertinent de comprendre les processus d’apprentissage de la lecture. En lecture, il existe deux chemins possibles à prendre pour parvenir à lire un mot. L’un de ces chemins s’appelle la voie d’assemblage ou voie phonologique. Il s’agit en fait de la voie utilisée pratiquement exclusivement par les lecteurs débutants qui sont en apprentissage de la lecture. C’est le fait de mettre ensemble toutes les unités de sons de manière à former des syllabes et ensuite des mots. Par exemple, le mot chapeau est formé de deux syllabes :
1ère syllabe : cha
2ème syllabe : peau
La première syllabe cha est formée de deux unités sonores distinctes soit ch et a qui mis ensemble font cha. La deuxième syllabe peau est quand à elle aussi formée de deux unités sonores distinctes soit p et eau. Un lecteur débutant mettrait donc toutes ces unités sonores ensembles ch-a-p-eau pour finalement parvenir à lire le mot chapeau. C’est un processus ardu qui demande beaucoup d’énergie pour un seul mot, donc imaginez lorsqu’il s’agit de lecture de phrases et de paragraphes.
La voie d’adressage est l’autre chemin emprunté pour lire un mot, une phrase, un paragraphe. Si nous reprenons le mot chapeau, les bons lecteurs reconnaissent globalement le mot sans avoir à en décortiquer chacun des sons et des syllabes. Cela s’explique par le fait que le mot, vu de nombreuses fois par ce lecteur, a été enregistré tel une photo dans sa tête. Cela lui prend donc qu’une fraction de seconde pour retrouver le mot dans sa mémoire orthographique et parvenir à le lire. À l’inverse du lecteur débutant, le lecteur expert passe quasi exclusivement par la voie d’adressage pour lire. De ce fait, le débit de lecture du lecteur expert est très fluide, voire même automatique.
Au tout début de l’apprentissage de la lecture, les enfants apprennent les correspondances entre le nom des lettres et le son qu’elles font. Ensuite, ils apprennent que lorsque certaines lettres sont mis ensembles et placés dans un ordre particulier, celles-ci font un son (oi, on, ou, an, etc. en sont des exemples). Ces exemples n’en sont que quelques-uns parmis les nombreux acquis nécessaires à l’apprentissage de la lecture. Il s’agit alors d’un long processus qui nécessite beaucoup d’entraînement.
Le but étant que les jeunes lecteurs parviennent à devenir de lecteurs fonctionnels rapidement, les mots-étiquettes sont en fait des mots fréquents dont il n’est pas nécessaire de lire par voie d’assemblage. Les, mes, tes, ses, à, dans, il, un, une en sont de bons exemples. Plus les lecteurs débutants seront exposés à ces mots fréquents, plus ils parviendront rapidement à reconnaître globalement ces mots et leur lecture pourra donc être fonctionnelle plus rapidement.
Quoi faire avec les mots-étiquettes?
Tout d’abord, si les mots sont présentés sous forme de liste uniquement, il serait important d’écrire chacun de ceux-ci sur des morceaux de carton résistant. Ensuite, vous pouvez exposer votre enfant à chacun de ces mots en les pratiquant que quelques minutes par jour. Cela peut se faire sous forme de jeu à l’aide d’un jeu de renforcement en parallèle par exemple. Lorsqu’un mot est lu de manière automatique en l’espace de quelques secondes, nous pouvons considérer que l’enfant lit ce mot par voie d’adressage.
Bonne pratique!
Andréane Savard, orthopédagogue
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